Ma mère est alcoolique. Elle l’est depuis le jour de ma naissance, mais nous avons connu une période de calme qui a duré jusqu’à ce que j’aie quatre ou cinq ans. Je me souviens de m’être blottie avec elle sur le canapé sous notre couverture spéciale pour regarder des films. Mes parents étaient heureux ensemble, et j’étais heureuse avec eux.

Les choses se sont détériorées, et bon nombre d’incidents se sont produits, mais je n’ai jamais pensé que je verrais le jour où je perdrais ma mère pour toujours. Pourtant, ce jour-là est venu lorsque j’avais huit ans. En rentrant de l’école, j’ai trouvé ma mère inconsciente sur les escaliers, la tête en sang.

Mon père m’a expliqué que personne ne faisait de mal à ma mère, qu’elle s’infligeait elle-même cette douleur. Comme j’étais enfant, bien sûr, je me suis demandé si c’était ma faute. Je me suis demandé ce que j’avais fait de mal pour mériter cela. Qu’aurais-je pu faire différemment? Quand ces questions sont devenues si intenses que je pleurais dans les bras de mon père et que chaque larme était parce que je me sentais responsable, il a décidé que j’avais besoin de soutien. Nous en avions tous les deux besoin depuis des années.

Nous nous sommes donc rendus à Al‑Anon et à Alateen. Quand je dis qu’Alateen m’a sauvée, ce n’est pas une exagération. Je ne pense pas que je serais là où je suis aujourd’hui sans Alateen. Du haut de mes huit ans, je suis entrée dans cette salle remplie d’adolescents et j’ai été acceptée à bras grands ouverts. J’étais mature pour mon âge parce que j’avais constamment eu à me débrouiller seule et à m’entretenir avec les policiers, mais j’étais beaucoup plus jeune que les autres membres.

Cela ne les dérangeait pas; j’étais une autre enfant avec des parents alcooliques, cherchant de l’aide. Ils m’ont pris par la main. Lorsque ma mère a été retirée de la maison pour un internement involontaire (évaluation et traitement d’urgence pour les personnes qui présentent un danger pour elles-mêmes ou pour autrui en raison d’une maladie mentale), Alateen m’a guidée tout au long de cette épreuve.

Les membres Alateen m’ont fait comprendre que je n’étais pas la seule enfant au monde à vivre dans le contexte de l’alcoolisme. J’avais ressenti cette solitude pendant des années, alors entendre une bonne dizaine de personnes parler de leurs expériences m’a exposée pour la première à l’empathie. Ne pas avoir ma mère dans ma vie était dur, mais j’avais trouvé mon monde. Ces gens me comprenaient comme personne d’autre ne pouvait le faire, pas même mon père, qui a, lui aussi, fini par sombrer dans l’alcoolisme.

J’ai lutté dur pendant des années. Il n’y avait rien de stable pour moi. C’était comme si personne ne restait jamais, mais Alateen a toujours été là… Toujours.

Par Lila

The Forum, mars 2024

*Publié sous le titre « Alateen est toujours là pour moi »

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