J’ai récemment entendu parler d’un conflit survenu lors d’une réunion de groupe dans un établissement à accès limité. Un membre du groupe a fait des recherches sur le sujet dans la section du « Condensé des politiques Al-Anon et Alateen » du Manuel de Service Al-Anon/Alateen (FP-24/27), mais n’a pas trouvé de solution. Cet établissement a un portail qui est verrouillé tous les soirs. Après les heures d’ouverture, un des résidents de l’établissement doit déverrouiller le portail pour permettre l’accès. Dans le passé, les membres du groupe étaient quelque peu inattentifs à ce sujet. Ils arrivaient tels que leur emploi du temps et les options de transport public le permettaient, sans se soucier de l’heure de verrouillage. Lorsque des représentants de l’établissement ont parlé au groupe pour demander aux membres d’arriver avant le verrouillage de la porte afin de minimiser les perturbations pour les résidents, un conflit a éclaté. Certains membres étaient troublés à l’idée d’imposer des contraintes de ponctualité à des familles en crise qui recherchent de l’aide, tandis que d’autres étaient disposés à respecter la demande de ceux qui gèrent l’établissement.

J’ai convenu que la réponse ne se trouverait pas dans le « Condensé des politiques ». En apparence, le problème semble concerner les établissements à accès limité. En réalité, il s’agit de la façon dont nos groupes et membres Al-Anon interagissent et se comportent dans le monde en dehors des réunions. En d’autres termes, les réponses doivent être trouvées dans nos Trois Héritages : « … un cadre à l’intérieur duquel les groupes peuvent fonctionner dans l’harmonie. » (Manuel de Service Al-Anon/Alateen 2018-2021, p. 13) Un élément important de compréhension que j’ai acquis sur moi-même, en complétant mon inventaire moral personnel (Quatrième Étape), est que je ne prenais pas de mesures directes pour répondre à mes propres besoins. Au lieu de cela, j’essayais de changer les autres et les situations à ma convenance. Parfois, je manipulais ou je « réinterprétais » les règles. Parfois, je les ignorais complètement et je faisais appel aux émotions de ceux que j’avais offensés. Ce comportement immature et malhonnête a terni ma réputation et mes relations avec mes amis et mes pairs.

Depuis, j’ai compris que ce sont des traits communs à ceux d’entre nous qui ont grandi dans des familles affectées par l’alcoolisme. Lorsque nous nous réunissons en groupe, nous présentons parfois collectivement ces traits. Dans un cas comme celui-ci, la Septième Tradition nous rappelle que « respecter les règles » fait partie de l’autosuffisance. Pour nous-mêmes et pour nos réunions, être en phase de rétablissement signifie vivre dans le monde réel et apprendre à faire face à ses défis. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que le reste du monde assouplisse ses règles pour répondre aux besoins de nos membres. Les familles vivant avec la maladie de l’alcoolisme viennent nous demander de l’aide. Le moins que nous puissions leur montrer, c’est que nous menons une vie honnête, respectueuse et responsable conformément à nos principes spirituels.

La Quatrième Tradition me rappelle également que chaque groupe est libre de prendre des décisions pour répondre à ses besoins, à condition que ces décisions ne nuisent pas aux autres réunions ni à Al-Anon ou A.A. dans son ensemble. Ce groupe devra peut-être trouver un autre endroit pour se rencontrer, changer l’heure à laquelle il commence sa réunion, publier un avis à ceux qui arrivent en retard ou trouver une autre solution. Ils sont libres de choisir. Cependant, choisir de ne pas tenir compte des souhaits exprimés par l’établissement dans lequel ils se réunissent est une action qui peut nuire à d’autres réunions et à Al-Anon dans son ensemble. Nous sommes tous mis dans le même sac lorsqu’une réunion d’Al-Anon profite de notre situation de « familles souffrantes ». Nous nous devons à nous-mêmes et aux futurs membres de pratiquer l’obéissance volontaire.

Kerri K., directrice adjointe – International

The Forum, juillet 2020