J’ai grandi en ignorant la différence entre la honte et la culpabilité. La honte me disait que j’étais fondamentalement indigne, insuffisant, et que je n’étais pas digne d’être aimé : en bref « il n’y avait rien de bon en moi ». La culpabilité est ce que je ressens quand je fais des choix qui perturbent l’harmonie entre moi, ma Puissance Supérieure, les autres, et l’univers.

Ma honte venait des violences physiques et psychologiques que j’avais subies dans l’enfance, un manque de validation et de soutien au foyer, et une pratique religieuse axée sur les règles qui semblaient insinuer que j’avais le potentiel d’être accidentellement damné. À l’âge de 11 ans, j’ai également découvert que j’étais homosexuel. Je pensais que c’était une chose qui m’était horriblement unique et faisait donc de moi un être humain inapte. Les sentiments de honte et de culpabilité rendaient ma vie horriblement difficile. Comme je me considérais comme une personne « mauvaise », l’espoir d’être une « bonne personne » était difficile à envisager.

La honte m’avait dérobé de l’idée que je pouvais être aimé. Je ne pensais pas que je méritais de l’amour, ce qui a fini par avoir un énorme impact négatif sur ma relation avec ma Puissance Supérieure. Dieu était un juge féroce, non un parent aimant.

Le sentiment de honte que je ressentais signifiait que je ne comprenais pas que l’amour fût inconditionnel. Il me semblait que l’amour de Dieu venait avec de nombreuses conditions et de nombreux pièges et qu’on devait le mériter. Je pensais que cela était également vrai de l’amour des « hommes ». Cela m’a conduit à établir des conditions quant aux personnes que j’aimerais et quand je leur exprimerais mon amour… des conditions si rigides que j’étais incapable d’aimer librement.

Dans les mois que j’ai passés à Al-Anon, je ne me suis jamais senti jugé par les autres membres. Bien au contraire, les membres m’ont communiqué qu’ils m’aimaient tel que j’étais – y compris avec mes défauts de caractère. Les trois premières Étapes m’enseignent comment faire confiance à ma Puissance Supérieure, aux membres, aux principes Al-Anon et à l’univers.

J’ai appris que ma Puissance Supérieure est là pour m’aider dans ma croissance, m’aider à changer, à me relever quand je trébuche ou tombe et pour m’enseigner qu’Elle m’aime inconditionnellement.

Même si je ne demeure « une œuvre inachevée », je trouve assez de sérénité dans le programme Al‑Anon pour que l’espoir puisse prendre racine et se développer. Je commence à ressentir une certaine gratitude. J’apprends à vivre sans crainte déraisonnable. Je commence à ressentir de l’amour, et à le partager avec les autres.

Par Joe M., Kentucky

The Forum, juin 2016