Au départ, je pensais avoir rejoint Al-Anon pour obtenir de l’aide pour mon fils – mon fils, mon bébé. J’avais l’habitude de l’appeler mon « coéquipier » parce qu’il allait partout avec moi. Mais les choses ont changé. Quand il a eu 14 ans, je l’ai mis en thérapie intensive, avec des séances pratiquement chaque jour. Quand il a eu 15 ans, je l’ai envoyé dans l’Utah pour un programme en milieu sauvage. À 16 ans, il a suivi sa première cure de désintoxication. Au cours des huit dernières années, il a fait des allers-retours entre la désintoxication, la sobriété et le traitement intensif en externe. Il a été placé dans l’aile psychiatrique de deux hôpitaux, dans d’innombrables salles d’urgence et a fait des allers-retours en prison. Il a vécu chez lui, chez des amis, dans des motels et dans la rue. Il s’est introduit chez moi, a cassé des portes, arraché les moustiquaires des fenêtres et volé de l’argent et des cartes de crédit. Je l’ai vu tellement ivre qu’il ne pouvait ni marcher ni parler, tellement défoncé qu’il parlait à des personnes imaginaires, tellement malade qu’il vomissait par la fenêtre de ma voiture, et tellement triste et effrayé qu’il sanglotait de façon incontrôlable pendant des heures.

Avant d’aller plus loin, je veux qu’il soit bien clair que j’adore mon fils. Je déteste l’alcoolisme et la dépendance et ce que cette maladie a fait de lui, mais j’adore mon fils! Lorsque je me suis rendue à ma première réunion basée sur les Douze Étapes, je cherchais désespérément des réponses, quelqu’un qui me dise quoi faire pour guérir mon fils. C’est peut-être la raison pour laquelle beaucoup d’entre nous ont commencé à fréquenter Al-Anon, mais ce n’est pas la raison pour laquelle je suis restée.

Lorsque j’ai trouvé mon groupe d’appartenance, j’ai pensé : « J’ai enfin trouvé mon équipe! ». Les membres de mon groupe étaient tous des parents d’alcooliques et de toxicomanes, et ils comprenaient la douleur, la peur, la culpabilité, le ressentiment et le chagrin particuliers que l’on ressent quand on est parent d’un enfant atteint de cette maladie.

Maintenant, je n’assiste plus aux réunions Al-Anon pour guérir mon fils; j’y vais pour me guérir moi-même, parce que malgré toute la tristesse et le chagrin que j’ai ressentis et que je continuerai à ressentir, je suis fatiguée de vivre dans le chaos. En tant que mère d’un alcoolique/dépendant, la tristesse et le chagrin font partie de ma vie. Mais d’autres choses existent aussi.

Je travaille donc à accepter les « choses que je ne peux changer ». Je ne peux pas changer ou guérir la maladie de mon fils; lui seul peut le faire. Mon acceptation de ce fait est intermittente. Parfois, j’ai l’impression d’être un petit enfant qui fait une crise de colère : « Non! Je ne veux pas que ce soit vrai! ». Mais je me rends compte que tant que je ne pourrai pas accepter la réalité de la dépendance de mon fils, de sa maladie, je ne pourrai pas agir ni avancer dans ma propre vie. L’acceptation peut mener à l’abandon, ce qui me libère pour travailler sur moi-même. Mon rétablissement est assurément un travail en cours. Et c’est pourquoi je « persévère » dans ces réunions chaque semaine.

Par Marjorie L., Colorado

The Forum, juillet 2022

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