Risques et récompenses 

Quand nous sommes affectés par l’alcoolisme, nos espoirs de vivre une relation amoureuse peuvent nous amener à vivre de la douleur, de la déception, et de la solitude. Nous avons tendance à nous isoler des autres en nous absorbant dans une situation qui nous semble honteuse et, nous en sommes convaincus, que personne d’autre ne comprend. Sans réaliser comment cela s’est produit, nous sommes devenus vulnérables et craintifs. Dans de telles circonstances, qui se sentirait à l’aise de se présenter dans une pièce remplie d’étrangers? Ils se connaissent déjà, mais nous ne les connaissons pas, et ils ne nous connaissent pas. Nous avons vécu tant de relations qui ont mal tourné – quelle raison aurions-nous de croire que nos relations avec ces étrangers puissent avoir des résultats positifs?

Certains d’entre nous avaient l’impression que les réunions sont faites pour les gens qui sont à l’aise de discuter avec les autres, qui aiment rencontrer du monde, et qui sont sûrs d’eux en société. C’est pourquoi assister à des réunions Al‑Anon est bien la dernière chose que plusieurs d’entre nous veulent faire. Il n’est pas inhabituel de rencontrer des membres Al‑Anon qui disent qu’ils sont finalement allés à une réunion parce que c’était la dernière chose à essayer – ils se trouvaient dans un cul de sac et ne voyaient pas d’autre solution.

Paradoxalement, les réunions Al‑Anon sont pour les gens qui n’aiment pas les réunions et qui ont peut-être même  peur d’interagir avec les autres. Une réunion Al‑Anon est un endroit sûr où la guérison et le rétablissement peuvent commencer. Personne ne nous juge dans une salle de réunion Al‑Anon. Notre statut social et nos réussites professionnelles sont sans importance ici. Personne ne nous critique et personne ne critique nos erreurs. Si nous ne sommes pas suffisamment à l’aise pour parler, nous pouvons simplement dire « Je passe ».

Avec le temps, cet environnement nourrit notre confiance en soi et nous apprenons à mieux nous comporter en société. Nous parvenons à comprendre que nous pouvons partager nos sentiments les plus intimes pendant une réunion sans nous inquiéter des critiques et sans avoir à répondre à des conseils non sollicités. Pour plusieurs d’entre nous, c’est peut-être la première fois depuis longtemps que nous avons l’occasion de parler sans interruption, sans contradiction, ou sans conflit. Personne, quelles que soient leurs bonnes intentions, ne nous dit quoi faire ou ressentir. En même temps, nous apprenons comment écouter les autres avec respect. Nous prenons part à un environnement sûr, bénéfique pour ceux qui parlent comme pour ceux qui écoutent.

Les réunions Al‑Anon nous donnent le droit d’être entendus, mais pas le droit de dominer une réunion. Toutes les voix sont égales. En exerçant ce simple principe, nous commençons à sortir des limites familières, mais restreignantes, de notre ancienne façon de penser. Nous commençons à nous voir différemment les uns les autres. Notre esprit et notre cœur commencent à s’ouvrir, et nous développons lentement l’acceptation de soi-même et des autres. Bien qu’une réunion Al‑Anon ne soit pas une solution instantanée à tous nos problèmes relationnels, c’est un pas dans la bonne direction.

Plusieurs d’entre nous trouvent une réunion à laquelle ils assistent plus fréquemment, où les rapports semblent plus faciles avec les autres membres. Nous en venons souvent à nous sentir proches de ce groupe parce que ses membres nous soutiennent comme nous aurions aimé que notre famille nous soutienne. Nous en venons à considérer ce groupe comme étant notre « groupe d’appartenance ».

Une réunion Al‑Anon ne peut pas remplacer une relation affectueuse avec un conjoint, un père ou une mère, un enfant, ou un parent. C’est un endroit où nous pouvons apprendre comment la maladie nous a affectés nous-mêmes ou nos relations. Aux réunions, nous pouvons apprendre et mettre en pratique des aptitudes permettant de développer des relations plus saines. Tandis que les autres membres partagent leur expérience, ils nous montrent souvent un miroir de notre vie. Chaque fois que des membres partagent leur vécu, c’est pour nous l’occasion d’apprendre – de leurs succès comme de leurs erreurs. Cependant, nous ne nous sentons pas menacés en entendant d’autres membres parler d’eux-mêmes. Nous n’avons pas à être sur la défensive, puisqu’ils parlent uniquement en leur nom, de leurs propres expériences – ils ne parlent pas en notre nom et ils ne s’adressent pas à nous. Nous sommes libres de prendre ce qui nous plaît et de laisser le reste. Il y a des leçons à apprendre, mais c’est à nous de décider pour nous-mêmes quelles sont ces leçons.

La communication avec une personne alcoolique est frustrante et décourageante, et cela peut affecter notre communication avec tout le monde, alcooliques ou non. Il est donc compréhensible qu’il soit souvent sujet aux réunions Al‑Anon de nos interactions avec les autres. Ainsi, en plus de l’environnement sûr offert par une réunion Al‑Anon, les sujets des réunions nous aident également dans nos efforts pour entretenir des relations plus positives avec les autres. Personne ne peut dire à l’avance ce que nous apprendrons à une réunion. La leçon peut aussi bien s’appliquer à notre situation personnelle qu’être appréciée par l’ensemble du groupe. Il n’est pas inhabituel d’entendre au moins une personne à chaque réunion dire « C’est exactement ce que j’avais besoin d’entendre ».

Plusieurs d’entre nous arrivent à Al‑Anon sans aucune sorte de limite. Des décisions qui nous affectaient ont été prises sans notre participation ou sans que nous comprenions. On ne nous a pas donné l’occasion de poser des questions ou d’offrir notre opinion. Par conséquent, certains d’entre nous apprennent à être des victimes impuissantes et silencieuses qui ne participent jamais pleinement à leurs relations. D’autres sortent de ces situations remplis de colère et de ressentiment. Nous sautons sur toutes les occasions pour faire savoir à notre patron, à notre conjoint ou à la caissière du nettoyeur exactement ce que nous ressentons par rapport à n’importe quoi, leur faisant voir que nous sommes traités bien injustement. Nous ne prenons pas le temps de réfléchir avant de parler, et nos relations s’usent ainsi souvent.

Al‑Anon fonctionne pour nous grâce à un système de substitution. On nous encourage à remplacer toute pensée douloureuse par une autre plus positive. L’espoir remplace la déception. La confiance remplace la peur. L’orgueil entêté fait place à l’acceptation. L’accent mis sur soi remplace la frustration à l’égard des autres. Nous apprenons à prendre soin de nous-mêmes, et ce faisant nous apprenons à bâtir de meilleures relations avec les autres.

Tandis que les membres partagent leur force et leur espoir, nous obtenons une sagesse que nous pouvons appliquer à notre propre vie, et nous commençons à remplacer des habitudes malsaines. L’adhésion aux Trois Héritages d’Al‑Anon – les Étapes, les Traditions, et les Concepts de Service – fait en sorte que chaque réunion est conforme aux principes Al‑Anon et que tous y sont accueillis. Nous faisons de notre mieux pour nous concentrer sur nous-mêmes. Même si nous vivons des situations individuelles particulières, nous commençons à remarquer tout ce que nous avons en commun les uns avec les autres. En conséquence, tandis que nous apprenons à être indépendants, nous devenons également plus aptes à collaborer en tant que groupe uni. Ce sont les premiers pas vers la construction ou la réparation de nos relations avec les autres.

En prenant part aux discussions d’une conscience de groupe bien informée à nos réunions, nous apprenons comment résoudre calmement des questions importantes pour le groupe. Ce processus nous donne l’occasion d’examiner toutes les facettes d’une question, de poser des questions, d’exprimer notre opinion, et puis d’accepter la décision du groupe dans son ensemble, que notre opinion l’emporte ou non. Nous apprenons à bien communiquer, sans faire de drame.

Avec le soutien de la fraternité Al‑Anon, nous pouvons exprimer des pensées que nous gardions auparavant pour nous-mêmes. Avec le temps, nous commençons à exercer nos nouvelles attitudes et façons de faire dans le monde qui nous entoure. Nous savons que si nous trébuchons et que même si nous tombons, il y a un endroit sûr où nous pouvons nous rendre pour renforcer notre engagement.

Quand nous assistons à une réunion Al‑Anon, nous savons que nous sommes parmi des personnes qui nous comprennent. Nous pouvons être nous-mêmes, amener toutes nos difficultés et nos triomphes avec nous, et rencontrer d’autres personnes qui ont vécu des expériences semblables. En revenant régulièrement, nous cessons d’avoir peur que nos relations déterminent qui nous sommes, et nous apprenons à nous accepter et à accepter les autres exactement comme nous sommes.

Témoignages 

Le vide et la tristesse occupaient tout mon être. Ma vie était sens dessus dessous, je me sentais totalement sans amour, indigne d’être aimée. Ma souffrance m’a conduite à Al‑Anon. Même si tous m’ont accueillie avec chaleur, je me méfiais de l’intérêt qu’ils manifestaient envers moi. J’ai interprété leurs visages souriants en me disant que c’étaient des personnes à double face. J’ai reculé devant leurs étreintes et refusé leurs chaleureuses invitations à me joindre à eux pour un café après la réunion. Pouvait-on véritablement s’intéresser à un vilain et gros déchet stupide et sans valeur comme moi?

Même si mes doutes m’en ont pratiquement empêchée, quelque chose au fond de moi m’a poussé à persister. Semaine après semaine, tandis que les membres partageaient leur expérience, leur force et leur espoir, j’en suis graduellement venue à « Écouter pour apprendre ». Par moment, j’étais stupéfaite de bel et bien ressentir la présence de Dieu parmi nous. En me plongeant dans le programme, j’ai été initiée à un Dieu bienveillant qui m’aimait sans condition.

Grâce aux soins que je recevais, je me sentais comme un bouton de rose qui s’épanouit en une fleur magnifique. Avec chaque pétale qui s’ouvrait, je bannissais les vieilles images négatives de moi-même et je commençais à reconnaître tous les dons et les talents uniques dont Dieu m’a pourvue. J’apprenais à m’aimer comme Dieu m’aime. Tandis que cette attitude positive s’épanouissait et grandissait, j’ai découvert que mes relations avec les autres s’amélioraient également. Il était tellement plus facile d’aimer et d’accepter les autres quand je m’aimais et m’acceptais moi-même.

Cette nouvelle attitude m’a procuré tellement de joie que j’ai ouvert mon horizon vers mes élèves de septième et huitième année – plusieurs d’entre eux souffraient des mêmes problèmes d’estime de soi qui m’avaient tourmentée. Je voulais aller vers eux et les aider à se débarrasser de leur négativité. Je voulais qu’ils s’épanouissent, qu’ils grandissent, et qu’ils se voient comme des êtres humains dignes d’être aimés. Mon nouveau mantra silencieux consistait à regarder chaque personne avec les yeux de Dieu en célébrant la beauté qu’Il voit en chacune d’elle. Avec chaque affirmation ainsi reçue, mes élèves ont commencé à voir ma classe comme étant un lieu sûr où partager leurs dons et leurs talents uniques.

La réaction de mes élèves à mes affirmations a été merveilleuse et contagieuse. C’est un véritable plaisir d’être accueillie chaque jour par une mer de visages souriants. Parce qu’ils savent que je m’intéresse à leurs plus grandes qualités, c’est exactement ce qu’ils emmènent en classe. Parce qu’ils savent que je célèbre ce qui est spécial en chacun d’eux, ils me démontrent en retour leur amour et leur intérêt, m’aidant à reconnaître mes dons et mes talents. Chaque jour amène une nouvelle célébration de l’amour de Dieu.

Enfant, j’ai subi des actes de violence de la part du compagnon de ma mère. Il rentrait régulièrement ivre à la maison, et il me malmenait. Par conséquent, je suis devenu très craintif des gens et de leur capacité à me blesser. J’ai érigé plusieurs murs de protection qui m’ont plus tard emprisonné. J’en suis venu à aimer être seul parce que c’était sans danger pour moi. Néanmoins, de tenaillants sentiments de solitude et d’isolement ont également grandi en moi. Je savais, au fond de moi, que j’avais besoin de côtoyer des gens – de ne pas m’isoler continuellement de l’humanité. Je ne me sentais pas en sécurité avec les autres, mais j’avais besoin d’eux. Mon dilemme est devenu une intense souffrance.

Je suis allé à ma première réunion Al‑Anon avec nervosité, sans savoir à quoi m’attendre. À ma grande surprise, ils m’ont tous traité avec gentillesse et considération. J’ai écouté avec étonnement tandis qu’à tour de rôle, les membres ouvraient leur cœur et mettaient leur âme à nu. J’avais découvert un endroit où je pouvais côtoyer des gens et interagir avec eux en toute sécurité. Depuis ce jour, j’ai appris à ouvrir mon cœur, à calmer mon esprit, et à partager mon âme aussi.

J’ai encore de la difficulté à aller vers les gens en général, mais je sais qu’il y a toujours un endroit où je peux côtoyer des gens qui me soutiennent. J’apprends à m’ouvrir aux autres et à leur donner l’occasion de communiquer avec moi. Je vois maintenant qu’il est possible pour les gens de se traiter avec bienveillance et respect. Je nous vois guérir, progresser, et apprendre à nourrir et à renforcer nos relations avec nous-mêmes et avec les autres. Aujourd’hui, je comprends la gratitude.

Avant Al‑Anon, je n’avais de relations qu’avec ma famille immédiate. J’avais trop de secrets; je ne voulais pas parler de ce qui se passait dans ma vie. J’étais la reine de l’isolement. À ma première réunion, j’ai été horrifiée par la gentillesse et les accolades entre les membres. J’aimais mon isolement et ma solitude. Toutefois, j’ai entendu quelque chose à ma première réunion qui m’a poussé à persister. Je voulais en entendre plus.

C’était merveilleux de ne pas me sentir jugée aux réunions Al‑Anon. J’ai commencé à aller vers les autres, ce que je n’avais jamais fait auparavant. J’ai commencé à abattre les murs que j’avais érigés autour de moi pour que personne n’entre. Je les avais construits par crainte du jugement.

Aujourd’hui, j’ai de nombreuses amies dans Al‑Anon. J’ai partagé mes problèmes et mes secrets – et on m’aime toujours. Mon rétablissement est lié à ces relations. L’alcoolique dans ma vie est parti, mais je suis restée avec Al‑Anon et mes amis Al‑Anon.

Quand je suis arrivé aux Groupes Familiaux Al‑Anon, j’étais souvent le seul homme aux réunions où j’allais. Les femmes m’ont encouragé à ressentir mes émotions – ce que, jeune garçon, je n’avais pas appris à faire. Pourtant, je me demandais pourquoi j’avais de la difficulté à communiquer. Plus j’écoutais les autres membres parler de leurs sentiments, plus je suis entré en contact avec les miens. Cela s’est avéré très bénéfique dans toutes mes relations.

Je me suis efforcée pendant onze ans d’amener mon mari à cesser de boire. J’avais tout essayé, du silence déplaisant aux menaces de le quitter, en passant par les cris et les larmes. Puis j’ai abandonné. J’avais atteint le bas-fond. Je suis finalement allée à une réunion Al‑Anon avec une liste de questions pour m’aider à faire changer mon mari. Les membres ont été très gentils avec moi et m’ont demandé de revenir.

C’est ce que j’ai fait. J’ai appris à me concentrer sur moi et à m’occuper de moi et de mes enfants. Malheureusement, mon mariage s’est terminé par un divorce. Peu après, mon ex-conjoint est entré en thérapie. Il est maintenant sobre depuis quinze ans. Après dix ans d’abstinence, nous nous sommes remariés, mais je m’étais éloignée des réunions. Puis notre fils a eu des démêlés avec la justice; il avait développé une dépendance. Je me suis sentie glisser de nouveau dans ce sombre tunnel : aimer une personne qui a une maladie. Mais je connaissais un mode de vie pour m’occuper de moi. Le programme Al‑Anon me permet de vivre la vie que je choisis.

J’étais en colère quand je suis allée à ma première réunion Al‑Anon, il y a deux ans. Avant cela, j’avais suivi une thérapie, lu de nombreux livres de croissance personnelle – j’avais même essayé la religion. Rien ne m’avait procuré de véritable soulagement. La première fois que j’y suis allée, j’étais terriblement en colère – envers mes clients au travail, mes collègues, et ma compagne des deux dernières années, qui était très active dans AA.

J’étais toujours en colère et je pensais que les autres étaient tout simplement déraisonnables. J’étais irritée par ma compagne, qui allait à ses réunions presque chaque jour. J’appelais mes amis, qui n’étaient dans aucun programme, et ils m’approuvaient : j’avais entièrement raison de faire du ressentiment.

Au début, je suis seulement allée à Al‑Anon pour apprendre à moins critiquer ma compagne et à mieux la soutenir. Plus j’y allais, plus j’ai pris conscience de mes peurs, et de mes attentes envers ma compagne pour qu’elle comble mes besoins. Après un an dans Al‑Anon, je parlais à une membre de longue date, me plaignant parce que ma compagne assistait à tant de réunions. Elle m’a dit que je devais vivre ma vie. Elle m’a dit que plus je vivrais ma propre vie, moins je me fierais à ma compagne pour combler mes besoins.

Ce fut difficile de ne pas m’asseoir à la maison en attendant qu’elle rentre en me donnant un air de victime. Au lieu de cela, je vais à trois ou quatre réunions Al‑Anon par semaine, j’appelle ma Marraine, et je mets les Étapes en pratique. Je blâme moins et j’accepte plus. Depuis que je ne compte plus sur elle pour combler tous mes besoins, notre relation s’est améliorée. Elle ne s’appuie plus autant sur la peur et la dépendance, mais sur le respect mutuel qui permet à deux personnes d’avoir une vie qui leur est propre, indépendamment de leur relation. Je continue d’apprendre des autres et d’apprendre à me connaître.

Je suis mariée depuis vingt-huit ans. J’ai été en colère la plupart du temps. Je m’étais dit que si j’avais des enfants, nous serions une famille heureuse. Je pensais que si seulement mon mari cessait de boire, je me sentirais mieux. Je lui ai souvent dit qu’il était insouciant et égoïste. J’avais l’impression de devoir tout faire – m’occuper des enfants, faire les courses, le ménage, et gérer les finances. Je restais assise la moitié de la nuit à essayer de lui expliquer comment je me sentais. Pourtant, je ne le savais pas vraiment.

Dans Al‑Anon, j’ai appris le détachement, puis le détachement avec amour. J’ai appris à regarder le bon côté des choses et à ne pas me complaire dans le négatif. J’apprends à être bonne envers moi-même.

Je peux communiquer raisonnablement bien avec mon mari maintenant, bien qu’il boive encore tous les jours. Al‑Anon m’a également aidée dans ma relation avec mes enfants, qui sont tous adultes aujourd’hui.

Au départ, ma raison pour assister aux réunions Al‑Anon était de trouver un langage commun avec ma petite amie qui était dans AA. Elle croyait que si je commençais à aller à Al‑Anon, je pourrais mieux la comprendre, alors j’ai accepté d’y aller. Ce n’est qu’un des nombreux choix que j’ai faits pour faire plaisir à l’alcoolique avec qui j’entretenais une relation.

J’ai passé plusieurs mois à surtout écouter. Je n’ai jamais entendu parler de faire plaisir à l’alcoolique. Par contre, j’ai entendu des membres parler de ce qu’ils avaient fait dans Al‑Anon pour s’aider eux-mêmes. L’idée de me concentrer sur moi-même dans une relation intime, ou dans toute autre relation était pour moi une idée entièrement nouvelle.

J’ai été mariée à un alcoolique pendant trente ans. J’entretenais des relations malsaines avec tout le monde. J’étais une mégère grincheuse et critiqueuse. J’ai appris à mes enfants à contribuer au maintien de la façade que nous présentions au monde extérieur, celle d’une existence normale, heureuse même. Ma conduite faisait en sorte que nos problèmes familiaux se transmettraient à la prochaine génération. Avec ma famille élargie, mes parents, mes frères et sœurs, je voulais plaire à tout le monde, j’étais prête à faire n’importe quoi, pour n’importe qui, n’importe quand – sauf pour moi.

Je savais que j’étais malheureuse, mais je ne savais pas quoi faire. Cela faisait tellement longtemps que j’avais été honnête avec quelqu’un que j’ai été très surprise par l’amour et le soutien qu’on m’a démontrés aux réunions Al‑Anon. Ce sont mes chères amies à cette première réunion qui m’ont montré que je pouvais créer et entretenir des relations en étant simplement moi-même.

Juste avant sa mort, mon mari a dit à tout le monde que les dernières années de notre mariage avaient été les plus heureuses de sa vie. C’était dû à Al‑Anon, parce qu’il n’avait pas cessé de boire. Je permets maintenant à mes enfants d’être eux-mêmes et de faire des erreurs sans m’en mêler. J’ai une vie bien à moi – remplie d’amis.

Je suis un homme adulte qui a toujours vécu dans le contexte de l’alcoolisme. Je ne réalisais pas à quel point la maladie m’avait affecté pendant toute ma vie. J’ai fini par me marier, par avoir des enfants, et par les traiter comme j’avais été traité.

Avec les réunions Al‑Anon, j’ai appris que je dois uniquement prendre soin de moi. Les autres choses prendront soin d’elles-mêmes.

Ayant grandi au contact de l’alcoolisme, j’avais l’impression de n’avoir jamais appris ce que sont des relations normales. Je suis allée à Al‑Anon parce que je ne savais pas comment entretenir des relations avec les alcooliques dans ma vie.

Les autres semblaient capables de conduire leurs relations sans les difficultés que j’éprouvais. Je m’efforçais d’être toujours gentille avec les gens, mais je finissais par les blesser et par me sentir très mal. J’essayais désespérément de préserver la paix avec tout le monde. Je ne sais trop comment j’avais décidé que c’était mon rôle.

Quand je suis arrivée dans les salles de réunion Al‑Anon, j’ai entendu des membres parler de leurs sentiments, chose qui m’effrayait. J’ai écouté, et les autres ont parlé de sentiments que j’avais. Quand j’ai finalement trouvé le courage de parler, personne n’a ri, on ne s’est pas moqué de moi. Quand j’ai demandé à une membre de devenir ma Marraine, je n’ai pas été repoussée comme je le craignais. Avec cette relation, j’ai commencé à apprendre comment entretenir des relations saines.

Ce fut miraculeux d’apprendre que je pouvais révéler qui j’étais vraiment, mes vrais sentiments – pas seulement ce que je pensais que l’autre voulait entendre. J’ai commencé à me tenir debout et à me tenir responsable de mes actions – et de mon inaction. J’ai commencé à être honnête avec moi et avec les autres. J’ai appris à faire face à ceux qui me blessaient. J’ai appris que si certaines personnes continuaient de me maltraiter, je n’avais pas besoin d’eux dans ma vie, peu importe leurs déclarations d’amour. J’ai pu essayer de nouveaux comportements dans un environnement sûr avant de les essayer à l’extérieur. J’ai obtenu du soutien et des remarques bienveillantes quand j’en avais besoin.

J’ai commencé à cesser de mettre en doute ma capacité d’entretenir des relations avec les autres. J’ai réalisé que je maintenais déjà des relations réussies avec plusieurs personnes depuis plusieurs années. Je ne faisais pas toujours tout à la perfection dans ces relations, mais ces personnes m’aimaient quand même. J’ai commencé à me fier à mon cœur dans mes relations.

Présentement, j’apprends à entretenir une bonne relation avec moi-même, chose qui me fait défaut depuis des années. J’apprends à me traiter comme je traiterais un ami ou un être cher. Ayant partagé et vécu le programme Al‑Anon, je suis convaincue que si j’apprends à entretenir une bonne relation avec moi, mes relations avec les autres deviendront aussi plus naturelles.

Avant Al‑Anon, j’étais toujours occupé et j’avais peu de temps pour faire des choses avec qui que ce soit. Je m’occupais des autres et je négligeais mes propres besoins. Je me tenais à l’écart dans les soirées. Je craignais l’intimité, certain qu’on verrait toutes mes imperfections. Je suis devenu solitaire, rempli de ressentiment, paralysé, et isolé. Je n’avais jamais soupçonné que c’était simplement le résultat de ce que je faisais – et de ce que j’avais toujours fait.

Aux réunions Al‑Anon, j’ai appris à faire les choses différemment. Je suis entré en contact avec une Puissance Supérieure qui est une source de réconfort et de force. Je suis capable de m’exprimer honnêtement dans mes relations, d’accepter les autres comme ils sont, et de voir les cadeaux que les autres ont à m’offrir.

J’étais une membre active dans Al‑Anon, avec cinq ans de rétablissement, quand mon mari et moi avons déménagé dans un autre État. Après notre déménagement, je prévoyais d’aller aux réunions et de trouver un nouveau groupe d’appartenance, mais il y avait tant à faire. Je devais tout déballer et arranger une nouvelle résidence. Les choses allaient bien, et même si nous n’établissions pas de liens avec d’autres personnes, nous étions heureux ensemble.

C’est tout juste avant l’Action de grâce que mon mari a reçu le diagnostic d’un cancer des poumons. J’occupais un nouvel emploi depuis sept mois, et nous étions dans cette nouvelle ville depuis presque dix-huit mois. Quand le cancer a été découvert, il s’était déjà étendu aux ganglions lymphatiques. Il y a eu une multitude de visites chez les médecins, des traitements, et des crises graves ou mineures. Notre existence était régie par les horaires hospitaliers et médicaux. En plus de cela, je devais continuer de travailler pour conserver notre assurance maladie qui était maintenant si nécessaire. Tous mes efforts n’ont servi à rien; mon mari est décédé après dix mois de traitement.

Le chagrin a été accablant; soudainement, je n’avais plus rien pour m’occuper. J’étais dans une maison vide, sans amis proches et sans famille. Je suis allée à une réunion Al‑Anon parce que j’étais désespérée. Je ne me souviens pas beaucoup de cette réunion, sauf d’avoir lâché les mots « Mon mari est mort », et de m’être mise à pleurer.

Deux femmes exceptionnelles qui étaient elles-mêmes veuves m’ont immédiatement prise sous leurs ailes. Elles m’ont donné leurs numéros de téléphone et elles m’ont dit d’appeler. Elles m’ont dit de revenir, et je l’ai fait. Une de ces femmes a commencé à me rencontrer le matin pour un café. Nous parlions, et elle partageait son expérience avec le programme et avec la mort de son mari. J’ai commencé à cuisiner avec l’autre femme que j’avais rencontrée, qui partageait elle aussi avec moi son expérience, sa force et son espoir. Nous nous réunissions au moins une fois par mois pour cuisiner un mets que nous n’avions jamais fait auparavant. Après le premier essai, nous avons eu besoin de gens pour tester nos recettes, alors nous avons invité d’autres membres du groupe à venir goûter l’expérience du jour.

J’ai fini par être invitée à une série d’événements mondains organisés par des membres de ce qui était maintenant mon groupe d’appartenance. Quand les Fêtes sont arrivées, j’ai pu aller chez différents membres Al‑Anon, de l’Action de grâce jusqu’au Nouvel An. D’abord membres du même groupe, nous sommes devenues amies.

Depuis, les membres de mon groupe d’appartenance sont véritablement devenus ma famille. Comme dans toute famille, je suis plus proche de certains que d’autres. J’ai une relation incroyablement profonde avec les deux femmes qui sont initialement venues vers moi. Je suis proche d’un autre membre d’une manière que je n’aurais jamais cru possible. Nous nous sommes soutenues à travers la maladie et la chirurgie. Nous partageons nos triomphes et nos échecs – et nous allons aux réunions. Pour moi, les mardis soirs sont comme des réunions de famille où chacun doit être présent, pour échanger avec les autres, pour recevoir et donner des accolades.

Les membres de mon groupe ont changé. J’ai appris que les gens entreront et sortiront constamment de ma vie, mais le noyau que je considère comme ma famille demeure le même. Je suis allée à cette réunion habitée d’une douleur si incroyable que tout ce que je voulais, c’était qu’elle s’atténue un peu. J’ai reçu une famille qui m’aime vraiment, un nouvel engagement envers mon programme Al‑Anon, et le progrès dans mon rétablissement.

 

Pour réflexion et discussion

  1. Comment est-ce que donner mon témoignage pendant une réunion peut contribuer à mon rétablissement?
  2. Comment est-ce que participer aux réunions peut m’aider à apprendre à parler aux autres personnes qui m’entourent?
  3. Pourquoi est-ce que je considère un groupe plutôt qu’un autre comme étant mon « groupe d’appartenance »?
  4. Ai-je déjà demandé une réunion de la conscience de groupe parce qu’il y avait un conflit entre certains membres de mon groupe? Comment le groupe a-t-il géré ce conflit?
  5. Quand je me sens irrité pendant une réunion, quel est le problème? Ai-je une leçon à en tirer?
  6. Quel genre de changements, s’il y en a, ai-je remarqués dans ma façon d’agir avec les gens en dehors des réunions?