Cela fait près de 14 ans que mon père a pris son dernier verre, a eu son dernier accès de rage, a fait sa dernière promesse brisée et a dit son dernier mensonge, mais ce n’est que quand il a cessé de boire que j’ai réalisé que j’étais aussi malade que lui. Je voulais tellement le croire, ne pas avoir peur qu’il se mette en colère et qu’il ne me dise de mensonges, mais la réalité était que je craignais toutes ces choses. Il a cessé de boire, mais je n’ai jamais cessé d’avoir peur de lui.

La maladie s’était répandue dans mes autres relations et ma vie sociale. Aussi loin que je me souvienne, je craignais l’alcool et les endroits où les gens avaient tendance à boire à l’excès, comme les fêtes, les mariages et les bars. Je me demandais toujours si quelqu’un finirait par perdre le contrôle et m’attaquer. Quand il s’agissait de décider qui j’allais accepter dans ma vie, mon processus de sélection était rigoureux. Je pensais que c’était mon devoir de protéger mes enfants et moi-même et de faire en sorte qu’ils ne connaissent pas ce que j’avais vécu en tant qu’enfant et jeune adulte. Je pensais que tout cela me donnait de l’équilibre. Je pensais que je ne pouvais pas contrôler mon père ou ma vie au foyer quand j’étais enfant, mais que, maintenant que j’étais adulte, je pouvais certainement contrôler tout cela; je me sentais protégée et en sécurité.

Dans Al‑Anon, j’ai appris que le contrôle est une façade dont les gens qui vivent ou ont vécu avec une personne alcoolique avaient besoin pour se protéger. En réalité, je n’ai aucun contrôle sur les personnes, les lieux ou les choses. J’ai appris que je n’ai non seulement pas le contrôle, mais que je ne devrais pas le vouloir. Avoir autant de contrôle signifiait que je devrais avoir ce même degré de responsabilité dans la vie d’une autre personne… ce qui serait un fardeau bien trop lourd à porter. Dans Al‑Anon, j’ai appris des techniques pour me débarrasser de ce poids émotionnel. J’ai appris qu’en me faisant confiance à moi-même, je pouvais faire confiance aux autres. En m’aimant moi-même, j’ai appris à aimer les autres. En devenant forte et équilibrée sur le plan émotif, j’ai développé des relations du même calibre. Al‑Anon me donne les outils dont j’ai besoin pour me libérer.

Aujourd’hui, grâce à mon engagement continu dans le programme Al‑Anon, je suis forte et je sais que, peu importe ce qui se passe dans ma vie, je suis capable de le surmonter. Je ne vis plus dans la peur.

« Jeter un coup d’œil en arrière et me rappeler ce que j’étais avant […] m’a fait prendre conscience à quel point j’éprouve de la gratitude envers le programme. » Alateen – un jour à la fois (FB-10), p. 366

Par Sarah R., Maryland

The Forum, mai 2016